Alors tout commence fin janvier, quand ma chatte commençait à vraiment être très pénible à cause de ses chaleurs, essayant d’attirer l’attention de je ne sais quel matou la nuit en faisant rouler et tomber tous les objets lourds qu’elle pouvait trouver. Une fois elle était tellement folle qu’elle a fait tomber toute une rangée de bouquins de l’étagère, un par un. Quand j’en avais vraiment marre, je l’enfermais dans la pièce où je ne dors pas, parce que même dans la pièce où je dors je ne dormais pas. Et ça allait un peu mieux. Jusqu’au jour où elle a compris comment ouvrir une porte en sautant sur la poignée... Je passais donc tous les soirs quelques instants avant de me coucher à démonter soigneusement la serrure de la porte intermédiaire pour qu’elle n’ait plus de poignée à laquelle s’accrocher la nuit. Mais voilà-t-y pas qu’un matin, sorti m’acheter un délicieux pain au chocolat, je reviens chez moi pour le déguster tranquillement avec un bon verre de jus d’orange, et paf ! pas moyen de rentrer. Cette conne avait pris l’entrebailleur de la porte d’entrée pour une poignée de porte, et espérant pouvoir ouvrir pour sortir, elle avait refermé le truc, si bien qu’on ne pouvait plus rentrer. (L’entrebailleur c’est la petite barre de sécurité qui servent à ce que les petits vieux puissent voir qui leur rend visite sans qu’on puisse rentrer. Je précise parce que moi je n’avais aucune idée que ça s’appelait comme ça.) On dit souvent que les gens habitent chez leur chat, moi je n’avais même plus cette chance, la mienne m’avait carrément mis à la porte. Bien entendu je ne suis pas du genre à me laisser impressionner par l’adversité ni à claquer 80 euros chez un serrurier. J’ai passé ma journée sur Internet pour savoir si on pouvait crocheter un entrebailleur comme le mien (en fait j’ai plutôt passé ma journée à chercher comment s’appelait ce truc en anglais, parce qu’à part "security chain" pour le modèle à chaîne, je n’ai pas trouvé un seul anglophone qui sache comment ça s’appelle ! Heureusement je me souvenais encore de tous les épisodes de Mac Gyver et fidèle à l’image de mon héros j’ai donc décidé d’ouvrir ma porte sans arme à feu. C’était vraiment très sioux : en attachant un fil à l’extrémité de la barre et en l’enroulant autour de l’axe de rotation de la barre, ce qui faisait un levier très faible mais suffisant, je pouvais refermer la porte et tirer fermement sur le fil pour ouvrir l’entrebailleur ! Ha ha, mais non. Ça, ça n’arrive que dans les films médiocres de Tom Cruise. Dans la vraie vie, quand tu attaches un fil à un bout de métal et que tu refermes la porte, la CONNE de chatte elle croit que tu veux jouer et donc elle tire sur le fil et le décroche. Pour rigoler bien entendu. Et tu passes donc une demi-heure devant ta propre porte, comme un con, à expliquer aux voisins que oui oui c’est bien toi qui habites là et non non il fait pas trop froid dans le couloir et nom de dieu non je veux pas le numéro d’un serrurier. Quand en plus la lumière du couloir s’éteint juste au moment où t’allais y arriver, ça ajoute encore à l’énervement ! Finalement j’ai tout défoncé à la pince multiprise. C’est un peu tout cassé maintenant, mais ça défoule et je ne regrette pas parce qu’elle me refait le coup de temps en temps.